Comment aider vos enfants à réussir
2 - LES COMPORTEMENTS QUI FREINENT LE DÉVELOPPEMENT
a)L'interventionnisme
b) L'autoritarisme
c) Le laxisme
Au-delà des attitudes profondes il y a les comportements qui les prolongent en les manifestant de façon active et concrète dans la vie quotidienne et dont certains peuvent être très négatifs. Nous en voyons trois qui sont particulièrement néfastes pour le vécu et la réussite de votre enfant.
a) L'interventionnisme
C'est une tendance irrépressible à vouloir constamment intervenir dans la vie de votre enfant, en estimant que c'est "pour son bien" mais dans l'inconscience du mal que provoque chez lui cette immixtion incessante : directives, conseils, interdictions, ingérence permanente dans ses activités, ses choix et même sa vie intime (son courrier, ses notes personnelles...) Voici quelques réactions significatives d'adolescents : "Ma mère s'inquiète trop. Elle est toujours sur moi... Elle est tout le temps en train de fouiller dans ma vie... C'est du viol de conscience. Elle n'a pas le droit. Je ne lui appartiens pas. Je suis à moi. J'ai envie de le hurler et de le crier... " Pour Sylvain, cet envahissement maternel est très inhibant. C'est pourquoi il a l'impression de ne pas être libre et que sa vie ne lui appartient pas... "Savoir communiquer ne signifie pas parler en permanence de tout et savoir tout sur son enfant... sous prétexte de dialoguer avec son enfant, on prend possession de lui.. au point de provoquer son dégoût. " (cité par Tony Anatrella, articles "L'être violé", et "Françoise Dolto pervertie").
Pour lutter contre cette tendance, essayez de regarder vos enfants autrement que "vôtres", selon les paroles du Prophète : "Vos enfants ne sont pas vos enfants. Et bien qu'ils soient avec vous, ils ne vous appartiennent pas." Voici dans ce sens la conclusion d'un colloque sur les attentes des jeunes et des parents : "N'imposez pas, proposez", respectez la personne de vos enfants, leur liberté. Le désir de liberté est fortement exprimé, même chez les plus jeunes. "Les parents pensent pour nous, mon père à mon avenir professionnel, ma mère à mon bonheur, et pourtant ma vie, ça me regarde", affirme un collégien. Des lycéens répondent en écho : "Ils voudraient nous guider sur la bonne voie, nous voudrions nous conduire nous-mêmes." Et des parents constatent : "Les jeunes veulent décider eux-mêmes, même s'ils se trompent... " Pratiquement : ne bousculez pas, ne poussez pas, ne ressassez pas, répondez aux demandes, laissez tomber la graine sans chercher immédiatement à vérifier si elle pousse (comment une graine pourrait-elle pousser si on la déterre sans cesse pour contrôler ?), laissez-la germer librement !
b) L'autoritarisme
C'est une forme particulière d'interventionnisme ou plutôt un comportement de commandement et d'absolutisme qui conduit à l'interventionnisme et à l'intolérance, au refus de toute contradiction. C'est la marque d'une étroitesse d'esprit, d'une inaptitude à accepter la différence, par le fait d'un orgueil qui fait dédaigner et mépriser tout ce qui ne vient pas de soi-même. A l'égard de l'enfant, ce sera la volonté de lui imposer nos propres vues, tant pour son avenir ("Tu seras ceci ou cela !") que pour ses études, ses loisirs, ses activités, son travail... On en connaît les inconvénients : en imposant ses règles, cet autoritarisme rend certains enfants incapables de se prendre en main. Chez d'autres, il développe les sentiments de culpabilité et des tendances auto-accusatrices, très nocives pour le développement de la personnalité. Bref l'autoritarisme ne prépare pas les jeunes à devenir des adultes.
Non à l'autoritarisme mais oui à l'autorité, qui est chose tout à fait différente : c'est l'exercice de l'ascendant que vous confère sur vos enfants votre état de parents. Un parent, c'est un parent ! Mais en parlant d'autorité, nous voulons surtout évoquer cette influence, ce crédit, cette supériorité naturelle d'un individu maître de soi qui impose sans contrainte le respect et la confiance. En ce sens, l'autorité de parent peut et doit même justifier la fermeté à l'égard d'un enfant indiscipliné ou impertinent : fermeté sereine qui conduit par exemple à savoir dire "non" quand c'est nécessaire, à maintenir une interdiction justifiée, à savoir exiger, mais en même temps fermeté ouverte qui accueille le redressement opéré par l'enfant, son retour sur soi et qui, une fois cette "conversion" opérée, accepte la discussion et l'accommodement sur des solutions raisonnables.
c) Le laxisme
Si l'autoritarisme est pernicieux pour l'enfant, son contraire, le laxisme, l'est tout autant. Le "laisser-faire" n'est guère mieux. L'absence de points de référence, de structure, de normes, peut provoquer la panique. La désorganisation est anxiogène. Elle peut pousser certains adolescents à l'agressivité et à la délinquance. Il est bien connu qu'une éducation laxiste désécurise car elle prouve à l'enfant que l'on ne s'intéresse pas à lui, que l'on se moque de son devenir "
Or, surtout dans notre société de plus en plus déboussolée, votre enfant a besoin de repères, de balises sûres, de "règles du jeu", de points d'ancrage stables et crédibles à partir desquels il puisse trouver des modèles d'identification lui permettant de se construire intérieurement. Ce que cherchent les adolescents, ce sont des adultes "bien dans leur peau" en qui ils puissent avoir confiance, des adultes qui tiennent leur place d'adultes, qui soient capables de leur transmettre de quoi apprendre à vivre ; au lieu d'être laissés à eux-mêmes trop tôt sans points de repère, dans l'incapacité de s'appuyer sur eux-mêmes, privés des contraintes intelligentes indispensables à leur structuration intérieure. En les abandonnant à leurs propres errements, c'est comme si vous prétendiez édifier un être humain qui se tienne droit en le dépouillant de son squelette !...
Connaissez-vous Guy Gilbert, prêtre éducateur, "l'apôtre des loubards", qui fait tous les jours l'expérience des jeunes dont l'éducation a été ratée ? Voici ce qu'il dit dans sa langue vigoureuse : "Leur donner trop, les laisser vivre à leur guise, sans frein, sans interdit, sans barrières, c'est les rendre diminués et affaiblis. Ne pas savoir dire "non", c'est les laisser dire "oui" à tout, y compris l'abîme." (chronique dans La Croix "Pourquoi vivre avant la mort").
Bien sûr, il faut avoir le courage d'affronter des moments difficiles ou des conflits mais même si vos enfants contestent votre légitime autorité ou s'opposent à elle violemment, soyez sûrs qu'un peu plus tard ils en reconnaîtront la justesse et vous en seront reconnaissants. Ce sera votre récompense mais il ne faut pas la chercher dans l'immédiat. De toute façon, tout acte "juste" porte ses fruits, ne serait-ce que pour celui qui a choisi de le poser au moment où c'était nécessaire.
Page d'accueil
|
||
