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1 – LES ATTITUDES QUI FAVORISENT L'EPANOUISSEMENT
a) Attitudes individuelles
b) Attitudes de couple
c) Cas du parent seul
Nous entendons par attitudes les dispositions profondes qui vous animent à l'égard de vos enfants, les tendances et les jugements qui vous poussent à telle ou telle conduite, la façon dont vous vous situez dans la relation à vos enfants, la vision que vous avez d'eux dans votre esprit. Ces attitudes ne sont pas neutres, ce sont elles qui, par leur sens, par leur impact sur la texture même de l'être de vos enfants, vont influencer et même déterminer leurs propres pensées, leurs tendances profondes, leurs comportements et par contre-coup leurs échecs ou leurs réussites scolaires.
Quelles sont alors les attitudes négatives qui les poussent à l'échec et en sens contraire les attitudes positives qui les conduisent à la réussite et qui peuvent - comme "un clou chasse l'autre" - évacuer les propensions négatives tout simplement en prenant leur place ? Ces attitudes sont bien sûr propres à chacun des parents en tant que personne individuelle mais il y a aussi leurs attitudes de couple, dépendantes de leur relation conjugale, qui n'ont pas moins d'importance.
a) Attitudes individuelles
Nous nous bornerons à explorer celles qui ont l'impact le plus déterminant sur vos enfants, en cherchant pour chacune d'elles ce qu'il faut éviter - la disposition négative - pour la remplacer par l'attitude inverse, positive.
CHASSEZ L'ANXIETE, LES CRAINTES LES PEURS, APPELEZ EN VOUS LA CONFIANCE
Vous vous occupez de vos enfants, de leurs études, de leurs difficultés, c'est bien naturel et c'est prouver ainsi l'affection que vous leur portez spontanément. Mais évitez à tout prix que cette attention tourne à l'angoisse qui envahit tant de parents au sujet de l'avenir de leurs enfants dans notre société de compétition de plus en plus impitoyable ! Car cette anxiété de fond, bien loin d'aider vos enfants, se communique à eux, même si vous essayez de la cacher, et vient bloquer toutes leurs possibilités.
Nous glanons ici et là, dans des articles qui poussent tous un cri d'alarme à ce sujet, les passages caractéristiques suivants : "Les parents surveillent avec anxiété son aptitude à réussir avec une attention presque maladive aux résultats scolaires... on les sent plus tendus, plus anxieux que leurs enfants... Cette surveillance anxieuse des notes pèse parfois beaucoup sur l'enfant. Elle peut l'enfoncer dans l'échec en dramatisant les revers et les difficultés."
Simone Sciama, psychologue, ne cesse de voir des enfants qui n'en peuvent plus des "attentes phénoménales, angoissantes" dont ils sont l'objet et "qui craquent", qui ont "l'impression de porter le destin de leur famille sur leurs épaules" (article percutant sur les "ambitions scolaires démesurées" des parents). Dans le même sens, Tony Anatrella, psychanalyste, écrit : "A la veille du bac, les parents sont plus stressés que le lycéen. Ce dernier doit assumer son inquiétude et porter aussi celle de sa famille." Plus globalement, "l'issue de la crise de l'adolescence dépend en grande partie de la capacité des parents à surmonter leur propre malaise" (Marianne Gomez, Rapports parents-enfants).
Pour chasser cette anxiété destructrice, il n'est pas indiqué de s'y attaquer directement : en focalisant ainsi son attention sur elle, on risquerait de l'augmenter. Mais elle s'évanouira si vous faites plutôt confiance à votre enfant. Les enfants ont plus de ressources que ne l'imagine généralement leurs parents Si vous pouvez imprimer cette pensée dans votre esprit, vous pourrez alors faire confiance à votre enfant et par là même l'aider à faire émerger et croître en lui toutes ses potentialités. Comme le dit Michèle Cavalleri : "Il n'est rien de plus stimulant que la confiance !"
Pour illustrer cette vérité, voici l'expérience authentique réalisée par des psychologues. Ils ont, avec toute l'autorité de leur profession, affirmé à des professeurs que les élèves qu'ils pensaient être des incapables ou des cancres étaient au contraire très intelligents, affirmation toute gratuite, émise à titre purement expérimental. La simple transformation de l'attitude sceptique des professeurs en une attente confiante dans les possibilités de leurs élèves, provoquée par l'affirmation des psychologues, avec tout ce que cela a comporté d'ouverture nouvelle et de conduite positive, a totalement transformé la classe de ces élèves : ayant senti la confiance mise en eux, ils y ont tout de suite répondu en exploitant et en mobilisant leur intelligence jusqu'alors étouffée par la mauvaise opinion des professeurs mais qui s'est très vite épanouie.
Posez sur votre enfant un regard qui lui redonne confiance, faites-lui ce cadeau de voir en lui le meilleur, même si ce n'est souvent pas apparent, faites-lui confiance, pas du bout des lèvres, pas du bord du cœur, mais pleinement, intensément, et vous en verrez les fruits, tant en vous-même que dans ses réponses à votre confiance !
BALAYEZ EN VOUS L'IMAGE SOUS-ESTIMÉE OU DÉPRÉCIÉE QUE VOUS POUVEZ VOUS FAIRE DE VOTRE ENFANT ET RÉTABLISSEZ DE LUI UNE IMAGE FAVORABLE
C'est le prolongement de ce qui vient d'être dit. S'il a des difficultés scolaires, des mauvaises notes, voire des échecs, il se peut que cet ensemble de circonstances négatives suscite en vous une image fâcheuse de votre enfant, considéré par exemple comme médiocre, paresseux, incapable, cancre ou même raté, cette image venant concrétiser l'idée négative que vous vous faites de lui. Mais si, comme nous l'avons dit, cette seule pensée défavorable a déjà sur lui, en elle-même, un impact très nocif, l'image dévalorisée imprimée en vous va être d'un effet infiniment plus néfaste car, comme le dit un proverbe chinois, "Une image vaut cent mille mots." Alors, cette puissance, retournez-la au profit de votre enfant en suscitant en vous, comme un prolongement efficace de votre confiance retrouvée, une image favorable de lui, de sa valeur profonde, de ses capacités qui ne demandent qu'à s'épanouir si vous ne venez pas les étouffer par une vision négative. De cet étouffement voici un exemple vécu : un garçon de treize ans, manifestement intelligent, échoua jusqu'au jour où le psychologue qui cherchait à le "débloquer", découvrit que cet enfant était identifié dans l'esprit de ses parents au frère débile léger de la mère auquel il ressemblait physiquement. C'est ce poids qui étouffait l'adolescent (article de M. C. Jeanniot et J. C. Escaffit, La Vie ).
OUBLIEZ VOS AMBITIONS ET DÉSIRS PROPRES CONCERNANT L'AVENIR DE VOTRE ENFANT ET RESPECTEZ SON AUTONOMIE LÉGITIME
La plupart des parents souhaitent que leur enfant réussisse et réussisse mieux qu'eux-mêmes si possible. C'est assez naturel mais il ne faudrait pas que ce souci tourne à l'obsession jusqu'à avoir pour leurs enfants des "ambitions scolaires démesurées" (Simone Sciama). Cela devient une sorte de hantise, d'idée fixe, dans notre société de compétition. Ce n'est pas un danger imaginaire ! Voici le témoignage d'une élève de seconde au Lycée Henri IV, considéré comme le lycée de "l'élite" : "C'était marche ou crève !... J'étais en permanence stressée par mes notes médiocres... A la fin de l'année, le verdict est tombé : j'allais redoubler. L'angoisse totale : je suis une nulle, une incapable, c'est ce que je me suis répété tout l'été. J'avais déjà raté ma vie l... A Henri IV, c'est inhumain..." (Propos recueillis par Anne Fohr, pour un article paru dans "Le Nouvel Observateur").
Voilà ce qui peut arriver si les parents se laissent envahir par leurs désirs propres pour leurs enfants jusqu'à vouloir modeler leur vie à l'image de leurs désirs. Pour le père, ce sera souvent de vouloir imposer une profession, la sienne propre ou celle qu'il aurait voulu exercer lui-même. Pour la mère, ce sera plutôt le besoin d'une relation "fusionnelle", suscitant une surveillance anxieuse qui cherche à tout savoir de l'enfant, à tout partager avec lui par une pseudo-transparence parfaitement nocive. L'enfant ressent cela comme une "emprise" envahissante, un chantage affectif, une prise de possession ou même une sorte "d'espionite" !
Pour surmonter cette tendance, il y a un remède : le respect de la personne de votre enfant. Il n'y a pas de "dette symbolique" de lui-même à votre égard ; même si inconsciemment vous entendez être "payés de retour" de l'éducation que vous lui donnez, de vos soins, de votre peine, persuadez-vous que votre amour, pour être authentique, doit être gratuit et que votre vrai souci doit être simplement d'aider votre enfant à croître dans sa liberté - mais bien sûr sans en abuser - selon sa personnalité, ses besoins et ses choix propres, pour le conduire ainsi progressivement vers son autonomie. De toute façon, n'est-ce pas la nature même des choses de pouvoir devenir peu à peu responsable de sa vie ?
MAIS NE VOUS DÉSINTÉRESSEZ PAS POUR AUTANT DES ÉTUDES ET DES ACTIVITÉS DE VOTRE ENFANT. PRENEZ LE TEMPS D'ÊTRE DISPONIBLE, A SON ÉCOUTE
Il ne s'agit pas, pour éviter l'ingérence, de tomber dans l'excès contraire en devenant ou en affectant d'être distant, détaché ou insoucieux des études et activités de votre enfant. Il pourrait alors penser que c'est par manque d'intérêt ou d'affection que vous le délaissez et il en serait profondément affecté dans son besoin et son attente d'amour ! Vous en verriez alors des répercussions très pénibles pour vous, des "retours de manivelle" souvent percutants, manifestations d'hostilité, d'agressivité ou au contraire d'autodestruction, simplement pour attirer l'attention, comme un signal d'alarme, pour signifier : "Je suis là ! J'existe ! J'ai besoin de vous !".
Comment éviter cette souffrance de solitude de votre enfant avec ses inévitables contrecoups ? Essentiellement par la disponibilité à son égard, l'accueil de ce qu'il vous présente de lui-même, la réponse à ses demandes, ce qui ne signifie pas nécessairement l'acceptation de ses revendications mais le fait de consentir à échanger, à dialoguer ; la perception de ses besoins, de ses attentes informulées et les gestes d'ouverture, sans ingérence, pour essayer d'y correspondre. Pour résoudre les conflits, il existe une méthode qui a fait ses preuves, celle de "l'écoute active" du Dr Thomas Gordon (voir son livre "Parents efficaces"), méthode "sans perdant" qui respecte à la fois le droit du parent d'être lui-même et le droit de l'enfant d'être lui-même. Selon l'expérience qui a pu en être faite depuis de nombreuses années, c'est le secret de l'efficacité des parents.
ESSAYEZ DE COMPRENDRE LES TROUBLES ET CONTRADICTIONS DE VOTRE ENFANT ADOLESCENT AU-DELÀ DE SES MANIFES-TATIONS AGRESSIVES OU INCOHÉRENTES
Ces manifestations dans leurs excès peuvent être très déconcertantes, agaçantes ou même insupportables à vivre ; elles peuvent prendre bien des formes : dérision, dénigrements, besoin de choquer, de tout ridiculiser, de scandaliser, et toutes les formes d'attaques, de la simple impertinence aux injures et agressions verbales. C'est la réaction aux difficultés du "mal de vivre" de la période d'adolescence avec ses peurs, ses angoisses devant la vie, devant les réalités du monde qui cassent les illusions de l'enfance, et son trouble devant l'apparition en lui de nouvelles fonctions et émotions qui le déstabilisent et le fragilisent. Et "plus l'agression est forte et violente et plus grande est l'insécurité intérieure de l'enfant qui change" (Tony Anatrella, La Croix.) Autre notation de même sens : "Plus un enfant est vindicatif ou agressif contre l'un ou l'autre de ses parents et plus il est en attente à son égard." (Tony Anatrella, dans son article "La note blessante".)
Que faire devant ces manifestations agressives ? D'abord, ne pas se crisper et surtout ne pas essayer de les contrer de front en opposant à votre enfant des raisonnements contrai¬res aux siens, ce qui risquerait plutôt de le renforcer dans son attitude négative. Il est préférable d'essayer de désamorcer la violence par quelque remarque d'humour, sans chercher la riposte. Plus profondément, efforcez-vous, devant votre enfant, de comprendre, non ce qu'il dit - qui n'est pas en réalité un rejet mais un transfert sur vous de toutes ses insécurités ou révoltes - mais ce qu'il vit profondément, c'est-à-dire sa souffrance ! Vous savez maintenant que c'est cela qui est en cause et non une hostilité contre nature à votre égard et vous pouvez donc ne pas vous en sentir blessé.
Dans ces circonstances délicates, essayez de percevoir, à travers les débordements de votre enfant, ses attentes non dites, ses attentes de relation vraie, faites appel à tout votre tact de parent pour choisir l'attitude la plus appropriée : silence bienveillant, réflexion objective et aussi écoute attentive. De toute façon, dites-vous bien que ces manifestations agressives ne sont pas surprenantes, que c'est le signe inévitable de la croissance, un "passage obligé" de l'adolescence, qui ne préjuge pas de la suite !
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